Fargo Saison 4 : La guerre des mafieux de Kansas City fait moins d’étincelles qu’escompté

Noah Hawley est bien entendu toujours au scénario et il se charge aussi de réaliser les deux premiers épisodes — la saison en compte 11 au total. Le scénariste a mis du temps à se retourner vers la série en partie parce qu’il avait d’autres projets, mais également parce l’inspiration lui manquait et ne voulait pas poursuivre sans une idée valable.

Étrangement, cette saison 4 de Fargo n’est pas pour autant la plus inspirée qui soit. L’intrigue s’articule autour de deux familles criminelles, les Cannon et les Fadda (une Afro-Américaine, l’autre Italienne), qui se battent pour avoir leur part du rêve américain. Elles trouvent néanmoins un moyen d’assurer la paix et, pour garantir que celle-ci dure, le chef de chaque famille envoie son fils aîné vivre chez l’ennemi. Le problème est que le boss de la mafia italienne locale se rend à l’hôpital après avoir été blessé accidentellement et il n’en ressort pas vivant. Tout change alors et une guerre apparaît inévitable.

L’action se situe ainsi à Kansas City dans le Missouri, mais nous aurons le droit à des références à la mafia de Fargo et à une connexion finale inattendue. Enfin, elle est inattendue parce qu’elle arrive dans le générique du tout dernier épisode. Il y a toujours un lien entre les saisons.

Quoi qu’il en soit, Fargo est une histoire de mafieux se faisant la guerre. Nous avons une pléthore de personnages, certains n’étant là que pour quelques épisodes, d’autres font le voyage d’un bout à l’autre. Parmi eux, on retrouve quelques excentriques, car c’est ce qui fait vibrer la série, mais ils sont limités. D’ailleurs, un certain nombre d’éléments familiers sont présents en quantité réduite. Il y en a tout juste assez pour justifier l’appartenance de la saison à la franchise.

Le plus étonnant est surtout la linéarité de l’ensemble, là où la série nous a souvent pris par surprise en nous emmenant où l’on ne l’imaginait pas quand on ne l’attendait pas. Il y a également un léger manque de style, Hawley s’étant possiblement épuisé sur Legion dans le registre, il se contente de nous livrer une reconstitution historique qui apparaît authentique dans les décors et les costumes — ce qui est quelque chose de terriblement commun ces derniers temps sur le petit écran américain, on ne pouvait donc pas espérer moins.

Globalement, il en ressort un manque de personnalité. Dans le rôle d’une infirmière tueuse en série, Jessie Buckley offre une compensation dans ce registre, tout comme Salvatore Esposito dans la peau du mafieux italien plus grand que nature, mais cela reste finalement contenu. Le problème est que, avec une intrigue quelque peu convenue dans son déroulement, cette saison de Fargo aurait pu faire avec plus d’éléments marquants que ce soit dans ses rebondissements ou ses personnages. Ben Whishaw, Jack Huston ou encore E’myri Crutchfield délivrent des performances notables qui sont limitées par le fait que le scénario ne leur apporte que peu d’opportunités pour réellement prendre les devants. Au lieu de cela, nous avons Chris Rock et Jason Schwartzman en tête d’affiche, deux acteurs confirmés qui peinent étrangement à trouver le bon ton. C’est un problème qui les touche tous les deux, on peut donc en déduire qu’il vient de la direction qu’on leur a donnée au point de départ.

Noah Hawley parait en effet avoir des soucis à reconnecter avec le genre de tonalité qui a rendu Fargo unique dès le début. Il avait su s’approprier le style des frères Coen pour l’étoffer avec le sien, mais il semble avoir perdu la recette, en particulier quand il est question de délivrer l’humour noir qui était si distinctif dans les saisons précédentes.

En conséquence, il est fréquent d’assister à des scènes qui apparaissent confuses faute de savoir s’il devait y avoir ou non de l’humour. Même la violence est souvent hésitante. Rock et Schwartzman trouvent heureusement sur quel pied ils doivent danser et se focalisent sur l’angle dramatique de leur performance pour réussir à finalement briller quand cela compte.

Peut-être que le problème est que cette saison 4 de Fargo cherchait à nous parler d’une grande expérience, celle de l’immigration américaine, du rêve qui va avec et de la manière dont celui-ci est instrumentalisé pour contrôler les individus et maintenir une division. Des parallèles sont établis entre les Cannon et les Fadda, des monologues sont livrés et un constat est tiré, mais tout cela n’entre pas confortablement dans le moule de la série. À voir trop large, le scénariste n’arrive pas à se concentrer sur ce qui aurait pu être plus engageant au niveau émotionnel et le résultat sonne un peu creux.

D’un point de vue purement technique, la saison 4 de Fargo est de bonne facture. Elle se laisse suivre sans déplaisir, mais elle échoue à affirmer ce qui devait la rendre différente. Il y a alors un manque de style et de panache qui se fait sentir tout du long et cela est regrettable, en particulier après ces années d’attente.


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